Vanesa Campos, travailleuse du sexe trans et étrangère en situation irrégulière, a été assassinée le 17 août 2018. Le procès pour son meurtre s’est ouvert le 11 janvier dernier.
Un meurtre horrifiant
Vanesa Campos a été tuée mi-août 2018, lors d’une période de violences fortes et fréquentes envers les prostitués du Bois de Boulogne, notamment originaires d’Amérique latine.
Qui était Vanesa Campos
Originaire du Pérou, Vanesa quitte son pays en 2016 pour l’Argentine afin de faire modifier son état civil, avant de s’installer en France. Elle vit alors avec deux amis, dans un appartement de la porte de Clignancourt. Elle envoyait de l’argent à sa famille malgré un faible salaire.
Vanesa faisait partie de l’association Acceptess-T, défendant les droits des personnes transgenres et notamment des prostitués. L’organisation se présentera d’ailleurs comme partie civile lors du procès de son meurtre.
Une nuit effroyable
Un groupe organisé d’hommes égyptiens agressait les prostituées et rackettait leurs clients. Malgré des alertes de la part des prostituées à la police, elle n’est pas intervenue, et a même eu tendance à humilier ces femmes. Vanessa avait même embauché un garde du corps pour les protéger, du nom de Takaré, lui aussi en situation irrégulière.
Mais dans la nuit du 16 au 17 août, Takaré ne résiste pas aux assaillants. Vanesa se retrouve seule face à eux. Un des agresseurs lui tire une balle dans la poitrine (arme qu’il avait préalablement volée à un policier). Le reste du groupe s’acharne ensuite sur elle, armés de cutters, couteaux, bâtons et d’une arme de poing.
Son meurtre est passé sous silence dans les médias à l’époque, et de nombreux journaux ont été irrespectueux envers Vanesa et sa situation dans les jours qui ont suivi. Plusieurs rassemblements en son hommage de la part d’associations et de ses proches ont eu lieu. La mort de Vanesa Campos a cependant permis de mettre en lumière le problème des meurtres des travailleurs du sexe.
Un procès sous haute tension
Grâce à des témoignages des collègues et amies de Vanesa Campos, et à l’exploitation de vidéos de surveillance de la RATP, la police a réussi à identifier les assaillants. Ils ont ensuite été retrouvés en France et en Allemagne entre 2018 et 2019.
Mais le procès est compliqué, car le déroulement du crime est flou. Chacun des six accusés raconte une histoire différente. Ces récits provoquent des cris dans le box des accusés. Tous s’accusent mutuellement du meurtre. L’un d’eux a également menacé une proche de la victime, avec un signe d’égorgement.
La mère, la sœur, ainsi que six amies et collègues de Vanesa écoutent péniblement ces faits. Toutes se sont constituées parties civiles. C’est également le cas de Takaré, le garde du corps qu’avait embauché Vanesa en 2018. L’association Acceptess-T avait voulu également être partie civile, ce que le tribunal n’a pas retenu, la transphobie n’étant pas retenue comme motif du crime.
Je me réjouis que la justice puisse faire son travail.
En revanche, trois ans et demi après la mort de #VanesaCampos, nous n'avons pas tiré toutes les leçons politiques de ce drame, notamment en matière d'accompagnement social des travailleuses du sexe.https://t.co/kRbRJHA2s7
— Raphaël Gérard (@RaphaelGerard17) January 11, 2022
Le procès devrait se tenir jusqu’au 28 janvier prochain.