Sylvie Terf
Il y a une semaine commençait le procès de Nordahl Lelandais, jugé pour le meurtre de la petite Maëlys, une enfant retrouvée sans vie en 2017. Lors de l’audience du 7 février 2022, la famille de Maëlys a pris la parole à la barre, notamment sa grande sœur qui a affronté le meurtrier.
Une affaire terrible
Fin 2017, Nordahl Lelendais est mis en examen pour le kidnapping, la séquestration et le meurtre de Maëlys de Araujo, une petite fille de 8 ans, puis pour l’assassinat du caporal Arthur Noyer. Après avoir longtemps nié ses accusations, il a finalement avoué lorsque du sang est retrouvé dans sa voiture. Il maintient cependant une version selon laquelle le meurtre était involontaire, disant qu’il n’imaginait pas que les coups portés au visage de la fillette entraîneraient son décès.
Le procès du meurtre du caporal a déjà eu lieu à la cour d’assises de Chambéry, où il a été condamné à 20 ans de réclusion criminelle.
En plus du meurtre de Maëlys, Lelendais sera jugé pour des faits d’attouchements sur ses petites cousines, et pour de la détention d’images pédopornographiques.
La famille de Maëlys auditionnée
L’affaire avait provoqué un vif émoi dans le pays, d’autant plus qu’elle avait été très médiatisée. Le procès, qui a commencé le 31 janvier dernier, est tenu dans des conditions spéciales, notamment pour la salle qui peut accueillir près de 160 journalistes. Cette semaine, la famille de Maëlys se tient à la barre et son témoignage est bouleversant.
“Il a foutu notre vie en l’air”
Les parents de Maëlys, aujourd’hui séparés, ont chacun témoigné à la barre, lisant une lettre l’un après l’autre, en regardant le portrait de leur petite fille disparue. Ils relatent une vie terrible depuis sa mort, il y a presque cinq ans. Jennifer Cleyet-Marrel raconte : “Il a tout brisé, foutu en l’air notre vie. Tout le monde en subit les conséquences. Des fois je me demande si on est pas dans un cauchemar et si on va se réveiller un jour, mais non.” Elle explique également que pour elle, tout était prémédité, l’homme ayant même tenu à se faire inviter au mariage, duquel Maëlys s’est fait enlever. Un journaliste qui assiste au procès raconte :
«Ce qui m’a intrigué c’est de voir ma cousine de lever et aller vers sa fille qui regardait des photos de chiens sur le téléphone portable de l’accusé ».
Nordahl #Lelendais était alors assis à la table des mariés. Il ne figure pas sur les plans donc « il s’y est invité lui-même »— Raphaël MAILLOCHON (@Raph_journalist) February 8, 2022
Le père de Maëlys, étranglé par l’émotion, questionne quant à lui : “Pourquoi il y a des gens qui font du mal aux enfants comme ça ? Je ne comprends pas, et je me demanderai toujours pourquoi.”
Une grande sœur traumatisée
Après les témoignages de ses parents, Colleen de Araujo a pris la parole. Aujourd’hui âgée de 17 ans, elle fait part de l’horrible douleur que lui a causé le meurtre de sa sœur, en parlant directement à l’accusé. D’abord, elle a lu une lettre dans laquelle elle parlait de la fillette, qui était sa “moitié”, sa “confidente”. Puis, emplie d’assurance, elle lâche :
Regardez-moi et répondez à ma question : qu’est-ce qui vous empêchait de dire où elle était pendant ces six mois ? Pour nous, c’était de la torture. Dites-nous si vous l’avez violée ? Et quels ont été ces derniers mots sur cette terre ?
Alors que Lelendais répond dans un souffle ne pas avoir violé l’enfant, Colleen lui répond : “Tout ce qu’on veut, c’est la vérité, on veut savoir ce qu’il lui est arrivé. Vous avez commis l’inacceptable, vous avez brisé notre vie. Je veux des réponses, maintenant s’il vous plaît.”