Des œuvres d’art volées par les nazis seront restituées à des familles juives

Un projet de loi historique et un retour d’œuvres d’art volées à leurs héritiers : voici ce que le Parlement a autorisé ce mardi soir. Lors de la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses œuvres avaient été spoliées aux Juifs. Une partie d’entre elles leur sera bientôt restituée.

Des œuvres d'art volées par les nazis seront restituées à des familles juives

Une loi historique

L’Assemblée nationale le votait à l’unanimité le 25 janvier dernier, et ce fut hier soir, le 15 février, au tour du Sénat de donner son aval. Le texte voté permet de déroger au principe d’inaliénabilité des collections publiques du pays.

Rendre les œuvres spoliées aux Juifs

 

Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, s’est félicitée d’une loi historique. Elle explique ainsi qu’il s’agit de la première fois qu’un “gouvernement engage une démarche permettant la restitution d’œuvres des collections publiques spoliées pendant la Seconde Guerre mondiale ou acquises dans des conditions troubles pendant l’Occupation, en raison des persécutions antisémites”.

La rapporteure au Sénat, Béatrice Gosselin, précisait il y a quelques temps de la même façon : “[Les spoliations] ont été, quelle que soit la forme qu’elles aient pu prendre – vol, pillage, confiscation, vente sous la contrainte -, l’un des volets de la politique d’anéantissement des juifs d’Europe conduite par le régime nazi. […] Sans en être l’instigateur, le régime de Vichy a également collaboré à ces crimes de manière active.” 

15 œuvres restituées dans un premier temps

La France souhaite donc restituer 15 œuvres aux héritiers des familles juives volées, dont certaines toiles de Gustav Klimt ou de Marc Chagall. 

Le tableau “Rosiers sous les arbres”, du peintre autrichien Klimt, était conservé au musée d’Orsay, et était le seul des collections nationales françaises, acheté en 1980 à un marchand. Une enquête a été ouverte pour retrouver la trace de son propriétaire originel. Les recherches ont permis de découvrir qu’il appartenait à Éléonore Stiasny, une Autrichienne forcée de le vendre en 1938 à Vienne, avant d’être déportée et assassinée.

Plusieurs autres restitutions sont prévues, dont onze dessins conservés au Musée du Louvre notamment, un tableau d’Utrillo. Le tableau de Chagall, “Le Père”, sera quant à lui, rendu aux héritiers de David Cender, musicien et luthier polonais juif, venu en France en 1958.

D’autres restitutions à venir

Dans le futur, d’autres œuvres et livres toujours dans les collections publiques françaises, seront pareillement restitués. La ministre de la Culture assure :

Des objets qui ne devraient pas, qui n’auraient jamais dû y être.

D’autres pays européens ont une longueur d’avance en termes de réparation. La France a donc été accusée de retard par rapport à ses voisins, la mission de recherche et restitution des biens culturels entre 1933 et 1945 n’ayant commencé qu’il y a deux ans ce cela.

Selon le ministère de la Culture, la France aurait saisi 100 000 œuvres sur la période de 1939 à 1945. Près de la moitié d’entre elles avaient été rapidement rendues à leurs propriétaires, mais d’autres étaient exposées dans des musées nationaux. De nombreuses autres œuvres encore avaient étaient vendues, retrouvant le chemin des marchés de l’art.

Une loi cadre pourrait simplifier les prochaines restitutions, selon Roselyne Bachelot qui estime que “nous y viendrons”.