L’appli Elyze, le Tinder de l’élection présidentielle, surveillée par la Cnil quant à la protection des données

L’appli Elyze, le Tinder de l’élection présidentielle, surveillée par la Cnil quant à la protection des données

Selon la loi RGPD, qui traite notamment de la protection des données, la collecte de données qui concernent les opinions politiques est interdite. Comment l’application Elyze gère-t-elle donc les données de ses utilisateurs ?

Qu’est-ce que l’application Elyze ?

Elyze est avant tout un projet porté par une vingtaine d’étudiants, qui imaginent une application inédite, dédiée à l’élection présidentielle. Intuitive, neutre, gratuite et sans publicité, Elyze est disponible depuis le 2 janvier dernier sur l’App Store et le Play Store.

Elle a pour but de faire matcher les utilisateurs à leur candidat idéal à la future élection présidentielle de 2022. À la façon du célèbre réseau social de rencontre amoureuse Tinder, on swipe vers la gauche ou la droite des morceaux des programmes des candidats se présentant aux élections, sans savoir de qui il s’agit, ou son parti. Cela a pour principe de trouver quel programme et quel candidat conviennent le mieux à chacun, selon son idéologie et ses opinions politiques. Elle est en tête des téléchargements depuis plusieurs jours.

Des négligences dans la sécurité des données

La Cnil, la Commission nationale de l’informatique et des libertés, a annoncé s’être penchée sur le cas de l’application et de son traitement des données dites sensibles.

La Cnil déjà sur le dossier

La Cnil explique : “Nous avons bien été alertés et […] nous examinons son fonctionnement”. La commission a également évoqué la possibilité de “faire usage de ses pouvoirs répressifs” dans le cas d’un manquement au Règlement général sur la protection des données (RGPD).

Le régulateur de la Cnil a ajouté :

De manière générale, ce type d’application doit prévoir des garanties fortes pour protéger les données de ses utilisateurs. […] Le respect de ces obligations est particulièrement nécessaire lorsque des données sensibles sont traitées. […] La collecte de ces données est par principe interdite, sauf exception, par exemple si le consentement explicite des personnes est recueilli.

Revente des données à des entreprises tierces

Certains utilisateurs ont également relevé des négligences dans la sécurité des données. De plus, le stockage de ces données est fait chez le leader du cloud Amazon Web Services.

Les conditions générales d’utilisation de l’application indiquent qu’elle enregistre plusieurs informations telles que la date de naissance, le code postal et le genre de l’utilisateur s’il les a communiqués, tout comme les réponses qu’il entrera sur l’application. L’application se réserve aussi le droit de revendre à des tiers ces données « toujours anonymisées ».

Contrer l’abstention aux prochaines élections

Selon un sondage de l’IFOP, plus de la moitié des 18-30 ans envisagent de ne pas voter à la présidentielle 2022. En juin dernier déjà, près de 9 jeunes sur 10 n’avaient pas voté aux élections départementales et régionales.

Le cofondateur de Elyze, Grégoire Cazcarra a expliqué que l’application a pour vocation première de lutter contre cette “abstention galopante qui augmente élection après élection”. Les données sauvegardées par le logiciel pourraient être utilisées pour des nouveaux contenus sur Elyze, ou pour des recherches scientifiques.

Il explique d’ailleurs :

Aucune donnée n’est partagée avec Google et Facebook. Les données sont anonymes, l’application n’identifie individuellement aucun utilisateur. […] Elles n’ont pas vocation à être fournies à un parti ou à une équipe de campagne.