Commission sur l’inceste et les abus sexuels sur enfants : des témoignages déchirants à Lille

Commission sur l’inceste et les abus sexuels sur enfants : des témoignages déchirants à Lille

La commission sur l’inceste et les abus sexuels sur les enfants veut libérer la parole des victimes. Elle est passée par Lille, où des témoignages poignants se sont succédé pendant deux heures.

La création de la commission

C’est en mars 2021 qu’a été lancée par l’État français la Ciivise, Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.

En France, on compte 5,6 millions de victimes de violences sexuelles dans leur enfance, soit 10% de la population, un nombre aberrant. C’est pour permettre à ces enfants, ou anciens enfants, d’être entendus et de libérer leur parole qu’est née la Ciivise.

Faire bouger les choses

La Ciivise à plusieurs objectifs, afin d’aider la cause, en quatre axes : la prévention, le repérage de cas, les soins et le traitement judiciaire des violences. Un programme ambitieux.

Elle a créé des réunions publiques dans toute la France. Elles permettront de faire connaître la démarche, mais également de trouver des solutions. La commission souhaite proposer de meilleures lois en entendant des témoignages qui permettront de comprendre les dysfonctionnements de la société. De plus, la Ciivise souhaite à tout prix libérer la parole des victimes sur un sujet qui est resté trop longtemps tabou. Le juge des enfants Edouard Durand, coprésident de la commission déclare :

La société doit écouter, changer sa façon de protéger les enfants, lutter contre l’impunité des agresseurs. Cette parole est légitime parce qu’elle est créatrice de changements dans la société.

Une parole mise à mal

Or, si l’étape primordiale de la Ciivise est de faire parler les victimes d’inceste et d’abus sexuels, c’est sûrement l’étape la plus compliquée. D’une part, le sujet est extrêmement tabou encore aujourd’hui, et les victimes ont grandi en étant forcées de vivre avec. Certains témoignent que ce silence leur a été forcé. C’est le cas de Farida, victime d’abus sexuels par son frère, qui raconte :

Quand j’ai expliqué que je voulais porter plainte, le médecin m’a répondu que la vie de mon frère allait être anéantie, que j’allais détruire sa famille. Ça m’a mise en colère !

D’autre part, parce que les victimes, dans un mécanisme de défense face à un traumatisme, peuvent bloquer les souvenirs afin de ne plus avoir à y penser.

De plus, la parole des enfants a souvent tendance à être discréditée, ou leur silence acheté…

Des témoignages cinglants

La Civiise a organisé une réunion publique cette semaine où se sont réunies une trentaine de victimes de Lille, afin de recueillir leurs témoignages. Pendant deux heures, les survivants de ces douloureuses épreuves ont partagé leurs témoignages, leurs histoires et leurs récits. Si des larmes ont été versées, le partage a cependant permis aux victimes de chercher des réponses, et d’être plus optimiste face à l’avenir. La commission a promis des solutions pour que cette situation et ce climat d’angoisse changent.

Les premières réunions à Nantes, Bordeaux, Avignon et Lille ont déjà permis la signature d’un décret, permettant à un parent d’interdire la garde des enfants à l’autre parent si celui-ci est soupçonné de violences sexuelles.

Edouard Durand s’est dit « impressionné » par les réunions publiques.